HRP 2024 – pour aller plus loin

HRP 2024 – pour aller plus loin

Topo-guides

Comme mentionné précédemment, il n’existe pas d’itinéraire « officiel » de la HRP, chaque HRPiste est libre de constituer son itinéraire à partir des nombreuses options et variantes possibles.

Il existe différents topo guides pour la HRP, chacun décrivant un itinéraire qui lui est propre, certains dans le sens Ouest / Est, d’autres dans le sens Est / Ouest. On peut citer en particulier :

Le topo guide de George Véron (« inventeur » de la HRP, et premier à avoir décrit l’itinéraire en 1968) et Jérome Bonneaux. Ce guide, qui décrit la traversée dans le sens Ouest -> Est, est malheureusement épuisé mais un scan couleur au format PDF est disponible sur le web
Le guide Transpyr de Jérome Bonneaux. Il décrit une traversée dans le sens Est -> Ouest, agrémentée de nombreuses variantes.
Très agréable à lire, complet et précis, c'est celui qui nous a accompagné (après numérisation) pendant notre traversée.
Un guide en anglais (dans le sens Ouest -> Est), aux éditions Cicerone. La référence pour tous les HRPistes étrangers croisés sur le chemin.

Ressources cartographiques

Mais la source la plus riche est internet, où l’on peut trouver de nombreuses informations : récits, descriptions d’itinéraires et variantes, traces GPS, etc. Ayant passé presque un an à préparer cette randonnée, j’avais réuni toutes les données récoltées sur une carte unique, que je mets à disposition de qui souhaiterait l’utiliser.

Matériel

Quand on parle de randonnée, qui plus est de randonnée itinérante, et qui plus est sur une longue durée, la question du matériel à emporter et du poids du sac se pose forcément.

Réduire le poids que l’on porte sur son dos a de nombreux avantages, entre autres :

  • Moins de fatigue physique, et donc une possibilité de marcher plus loin et/ou plus longtemps,
  • Moins de risque pour le dos et les articulations,
  • Moins de risque de déséquilibre et donc de danger de chute dans les passages potentiellement exposés

Avant le départ, il s’est donc agi de trouver le bon compromis entre un poids réduit, le confort au quotidien, et la capacité à traverser tout type de conditions (pluie, vent, soleil, voire neige) sans se mettre dans une situation d’inconfort ou de danger.

Au final, nous sommes partis avec des sacs pesant entre 7 et 8 kilos chacun, hors nourriture et eau, et avons porté au maximum 12 à 13 kilos les jours de ravitaillement, avec 5 à 6 jours de nourriture dans le sac. C’était pour nous un net progrès par rapport à ce que nous aurions emporté quelques années auparavant, et cela nous a apporté un réel confort pendant ces 30 jours de marche.

Pour ceux que le sujet de l’allègement intéresserait, je recommande sans réserve le site Randonner Léger , une mine d’information en la matière, et l’occasion de voir qu’il est possible d’aller encore (beaucoup) plus loin dans le minimalisme : là où nous sommes partis avec 7 à 8 kilos, certains partent sur la HRP avec moins de 5 kilos sur le dos !

Condition physique et préparation
Nous avons pris le départ sans aucune préparation particulière et qui plus est après une période professionnelle assez intense, nous étions donc dans une condition physique pas terrible au départ.
Nous sommes partis avec la préoccupation de ne pas traîner pour tenir notre timing de 5 semaines, et avons enchaîné les grosses étapes. Résultat dans les 10 premiers jours, tendinite pour moi et entorse (heureusement bénigne) pour Samuel. Ces blessures nous ont obligé à ralentir le rythme pendant quelques jours ce qui a suffi heureusement à permettre une guérison totale.
Cela nous a aussi amené à rapidement faire une croix sur la possibilité d’arriver à Hendaye en 5 semaines compte tenu du temps perdu suite à nos blessures. Ce constat nous a finalement permis de profiter plus sereinement et pleinement du reste de la balade, une fois le stress du jour d’arrivée disparu.
Si c’était à refaire, je me forcerai à être raisonnable sur les premières étapes et à augmenter la durée des étapes progressivement afin de laisser au corps le temps de s’adapter (ce que de toute façon nous avons été contraints de faire au final au bout de 10 jours).

Est / Ouest ou Ouest / Est ?
Nous avons fait le choix de partir de Banyuls vers l’Ouest principalement pour deux raisons :

  • La réticence à marcher face au soleil car nous voulions marcher en partant tôt le matin
  • Le topo en notre possession (Transpyr) décrit l’itinéraire dans le sens Est / Ouest

À posteriori, je valide totalement la première raison : les quelques fois où nous avons marché vers l’Est un matin, avoir le soleil dans les yeux était vraiment pénible, je n’aurais vraiment pas aimé avoir à gérer ça tous les jours ou presque.

Inversement, dans le sens Est / Ouest la difficulté augmente de façon moins progressive, dès la fin des Pyrénées Orientales on attaque dans le dur avec des sections (Ariège / Andorre / Luchonnais) qui mettent le physique à rude épreuve, principalement du fait de terrains laissant la part belle au minéral (caillasse, pierriers, chaos de blocs, …). Il faut attendre l’arrivée à Viados pour retrouver une majorité de chemin roulants. N’ayant pas été jusqu’à Hendaye je ne peux pas être catégorique, mais j’imagine que le pays basque est assez roulant, et choisir le sens Ouest / Est permet certainement d’avoir un peu plus de temps pour se mettre en jambe avant d’attaquer le dur

Météo
Nous avons été extrêmement chanceux de ce point de vue là (enfin jusqu’à notre dernière nuit, mais c’est une autre histoire big_smile). Sur un mois de marche, les seules pluies que nous avons rencontrées ont été

  • Pendant un jour off suite à nos blessures
  • Deux fins d’après-midi où nous étions déjà arrivés à une étape « en dur » (cabane la première fois, refuge la seconde)

Le reste du temps, très majoritairement du soleil (parfois même un peu trop quand il s’agissait de gravir de bonnes pentes en début d’après-midi), et sur les 10 derniers jours quelques nuages et un peu de vent les après-midis.

Couverture réseau mobile
Étant habitué à randonner dans les Alpes où il est rare de ne pas avoir accès au réseau mobile pendant plus de 24h, le peu de couverture réseau m’a vraiment surpris. En particulier sur la fin du parcours : entre Vielha et le Refuge de Larribet (donc les 10 derniers jours) nous n’avons eu aucun réseau à l’exception du sommet du Tuc de Mulieres (très faible), de l’hospital de Benasque (correct), du portal de Remuñe (très faible) et de Gavarnie (nickel).

Nous avions emporté une balise satellite qu’on nous avait prêtée pour rassurer la famille, initialement je pensais que ça serait du luxe mais au final c’était juste indispensable (sauf à avoir une famille qui est capable de gérer une semaine sans aucune nouvelle, ce qui n’est pas le cas de la mienne big_smile).

Cartographie au fiabilité des cartes numériques
J’avais imprimé des cartes au format 1/50 000è pour faciliter une vision globale des différents itinéraires et variantes, mais au quotidien la navigation se faisait via traces GPS + cartographie numérique sur montre (pour Samuel) et Smartphone (pour moi en complément si besoin d’une vision un peu plus large que l’écran de la montre).

Cela a fonctionné très bien, à une ou deux exceptions près, qui nous ont fait prendre conscience qu’il ne faut pas prendre systématiquement pour argent comptant les données de cartographie numérique (Open Street Map). A plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés à passer en mode sangliers à la recherche d’un raccourci que jamais nous ne trouvâmes (si vous avez la réf, c’est que vous êtes vieux big_smile ) … et qui pourtant apparaissait bien à l’endroit où nous étions sur cette @$!&%! de carte OSM, y compris parfois avec la mention « HRP étape x »  smile
Moralité : au vu de l’énergie dépensée en mode sanglier, il aurait certainement été plus raisonnable, une fois réalisé que le chemin indiqué sur la carte n’existait pas, de revenir au « vrai » chemin, peut être plus long en distance mais certainement plus roulant qu’une progression dans les blocs et les rhododendrons tongue

HRP et solitude
Avant de partir, ayant lu plusieurs fois les qualificatifs de « sauvage », « isolé » ou autres synonymes appliqués à certaines sections de la HRP, je m’attendais, comme cela avait été le cas pendant mes randos sur la Transalpes, à passer parfois une journée voire plusieurs sans rencontrer personne. Je pense que je n’avais pas réalisé que la renommée mondiale de la HRP et l’existence de topos en anglais a certainement un effet important sur la fréquentation, contrairement à la Transalpes qui reste certainement beaucoup plus confidentielle.
Au final, sur les sections les plus « calmes » je n’ai jamais croisé moins de 15 à 20 personnes par jour, quant aux sections les plus fréquentées les personnes croisées se comptaient par centaines, à tel point que certains jours on avait l’impression de passer son temps à dire « bonjour » toutes les deux minutes (ou « holà » en fonction du pays wink).
Étant plutôt allergique aux foules, et allant randonner en montagne pour (entre autres) me retrouver seul et au calme, c’était clairement une déception pour moi (voire une source d’agacement plus ou moins intense quand la foule se faisait plus dense). Pour autant la fréquentation importante a aussi permis de nombreuses belles rencontres, en particulier de HRPistes croisés en chemin.

Bétail
Je ne sais pas si c’est une impression personnelle, une réalité liée à l’inflation et à l’augmentation des prix du fourrage ou une spécificité des Pyrénées dans lesquels j’ai très peu randonné (je n’ai pas souvenir d’avoir eu cette impression sur mes randos alpines), mais j’ai eu l’impression de croiser une quantité énorme de bétail (un peu de moutons et de chevaux, mais surtout beaucoup beaucoup de vaches) tout au long du chemin, y compris (voire encore plus) dans les parcs nationaux.
Loin de moi l’idée de lancer un débat philosophique sur le pastoralisme donc je ne connais pas les problématiques et enjeux, mais en tant que randonneur cette « surpopulation » m’a vraiment posé problème, en cela qu’elle ravage nombre de lieux potentiellement magnifiques et idylliques (cirques d’Estaubé et Troumouse ou Plan d’Aigalluts par exemple), en ne laissant que de l’herbe rase (voire pas d’herbe du tout) et un champ de bouses à ciel ouvert, avec l’odeur qui va avec. C’est d’autant plus incompréhensible dans les parcs nationaux ou les règles imposées (ne pas sortir des sentiers, ne pas cueillir les fleurs, ne pas monter le bivouac avant 19h voire interdiction totale de bivouaquer) semblent bien dérisoires face au massacre perpétré par un troupeau de plusieurs centaines de vaches.

Patous
Nous avons finalement croisé assez peu de troupeaux de moutons (je dirais moins de 10 sur tout le trajet), en tout cas bien moins que de vaches smile.
Sur l’ensemble des troupeaux croisés (toutes espèces confondues) nous avons croisés une seule fois des patous (mais 5 d’un coup eek). Ils ont fait leur job (approche et aboiements de dissuasion) mais nous n’avons pas eu à déplorer de comportements agressifs. Juste une perte de temps et d’énergie pour nous à essayer difficilement de contourner le troupeau en mode sanglier dans des pentes raides …. et une petite montée d’adrénaline quand même (on a beau connaître le comportement à adopter, quand on a 3 molosses qui nous aboient dessus à quelques mètres on n’en mène pas large big_smile).

Budget
Notre budget tout compris à été d’environ 30€ par personne et par jour, sachant que nous n’avons pas été particulièrement économes (plusieurs nuits en refuges et gîtes, achat de parts de gâteau et boissons dans les refuges croisés en chemin, restos dans plusieurs villages, etc.)
Il y a donc certainement moyen de faire (beaucoup) moins cher.

Ce que j’ai préféré

Toujours difficile de faire un tri tellement cette traversée a été riche en émerveillement et claques visuelles.
Mais voici une liste (totalement subjective bien sûr) des lieux et moments qui m’auront marqué durablement :
Paysages

  • La première nuit au refuge Tomy et son coucher de soleil au-dessus de la mer de nuages (on était encore en forme au point de ne pas dormir profondément à l’heure du coucher de soleil, ça n’a pas duré longtemps lol )
  • Les crêtes entre le col de la Vaca et le col d’Eyne
  • La vue du Pic de Serrere
  • Le vallon de Sorteny
  • L’étang Fourcat
  • L’estany Romedo de Dalt
  • L’Estany de Mariola
  • La descente depuis le port de Caldes
  • La Vue des cols et Tucs de Molière, du portal de Remuñe et du col inférieur de Literole
  • Les Lacs de Barroude

Cabanes

  • La cabane de Prat Cazeneuve : grande, en parfait état et des matelas nickel (la seule cabane avec des matelas où on ne les a pas enlevés pour dormir sur nos matelas gonflables big_smile)

Refuges

  • Le refuge de Certascan (où nous n’avons pas dormi mais super accueil et délicieux gâteaux … et vente de T-shirts et sweat HRP smile )
  • Le refuge Wallon Marcadau (plus une ambiance club de vacances que refuge de montagne, mais architecture superbe, super spacieux et accueil au top… la grande classe !)

Ce que j’ai moins aimé
La liste est forcément beaucoup moins longue que la précédente, mais il me semble important de ne pas présenter un tableau uniquement idyllique et de pointer les aspects moins agréables :

  • Le Perthus : quelle horreur et quel choc, c’est affreux et bondé. En plus n’espérez pas vous approvisionner en bouffe correcte (sauf si vous vous nourrissez exclusivement de cigarettes et d’alcool lol ). Seule chose à sauver : le gîte « Chez Paco » qui est top et son propriétaire adorable !
  • les automobilistes qui ne prennent pas en stop les randonneurs. De ce point de vue, Français (trajet Eyne -> Bolquere) et Espagnols (trajet Parzan -> vallée de la Barrosa), même combat ! Je garde un souvenir cuisant des 6 km de route goudronnée entre Eyne et Bolquere en plein cagnard (heureusement écourtés par un automobiliste charitable qui nous a fait économiser les deux derniers).
  • L’aménagement de la montagne « à l’espagnole » au col et lac d’Urdiceto : un lac, un refuge non gardé et un paysage magnifique à 2500m d’altitude…. Accessible aux 4×4 par 10 km de piste roll
  • Le refuge de la Restanca : accueil impersonnel, organisation perfectible (une demi heure de queue pour faire le « Check in » eek ) et petit déjeuner pas terrible
  • La foule qui m’a un peu gâché le plaisir sur les 3 derniers jours (Troumouse / Estaube / Gavarnie / Baysselance / Oulettes de Gaubes / Wallon / Larribet) : beaucoup (trop) de monde, conséquence malheureuse de la beauté des sites et de leur (trop) grande accessibilité (le petit train de Troumouse ou le télésiège du lac de Gaube étaient-ils vraiment indispensables eek ?)