Jour 1 – Banyuls -> Refuge Tomy

Dimanche 14 juillet 2024

Préambule

Dimanche 14 juillet 2024. Le planning des jours qui ont précédé a été assez intense : fin du boulot vendredi 12 au soir (dernière réunion terminée à 21h30, le bonheur de bosser avec des américains !), trajet Lyon -> Toulouse samedi 14 au matin, quelques courses de dernière minute le samedi après-midi, suivi d’un resto avec mon frère, sa femme et ses enfants le samedi soir, suivi d’une nuit perturbée par l’excitation du départ où nous n’avons pas très bien dormi.

Au réveil en ce dimanche , nous ne sommes pas dans les conditions idéales pour débuter une randonnée au long cours : nous n’avons aucune préparation physique (pas eu le temps ni l’envie de s’y astreindre…), et sommes plutôt fatigués suite à un mois de juin et un début de mois de juillet professionnellement bien chargés, mais qu’importe, nous débordons d’enthousiasme : nous avons rêvé à cette traversée depuis plus d’un an, nous avons étudié les itinéraires et les variantes, collecté des quantités faramineuses d’informations, nous avons suivi quasi compulsivement l’évolution de l’état d’enneigement des hauts cols, et cette fois nous y sommes, c’est enfin le jour du départ ! Dans quelques heures, nous allons pouvoir enfin lâcher prise, et ne plus avoir à penser à rien d’autre que mettre un pied devant l’autre…

Après le petit déjeuner, nous terminons les ultimes préparatifs de nos sacs, et préparons le pique-nique que nous avons prévu de manger ce midi dans le train pour Banyuls. Juste avant de partir, nous pesons nos sacs, avec nos affaires, 3 jours de nourriture et 1L d’eau chacun. Verdict de la balance : 11 kg. Pas si mal comparé à ce que nous nous trimbalions sur le dos il y a quelques années, même si nous sommes encore loin du minimalisme de certains MUL (« marcheurs ultra léger ») croisés sur l’excellent site www.randonner-leger.org .

Nous rejoignons la gare de Baziège (plus proche de chez mon frère que Toulouse Matabiau) et, après un dernier adieu familial, montons dans le train qui doit nous déposer à Banyuls à 12h30. En ce dimanche matin, le train est bondé, il y flotte un air de vacances. Je trouve difficilement une place, Sam s’assoit sur un escalier entre deux voitures. Le train étant un omnibus, nous mettrons un peu plus de 3 heures pour arriver à destination, ce qui est une première mise en condition de ce qui sera notre quotidien pour les semaines à venir : le déplacement est lent (bon, quand même un peu plus rapide qu’à pied 😊), et nous pouvons observer par la fenêtre les paysages qui changent petit à petit, et les gares qui défilent (Castelnaudary, Carcassonne, Narbonne, Perpignan, Argeles, Collioure, ….).

À Narbonne le train se vide un peu, plus personne n’est debout dans les couloirs ou assis par terre, chacun a pu trouver un siège. Après Narbonne, le trajet s’oriente plein sud, le train passe au milieu de quelques étangs avant de s’approcher de la côte. Les villes et gares continuent à défiler (Port la Nouvelle, Leucate, Argeles, Collioure …), et la tension et le stress liés au préparatifs et au départ finissent de s’évaporer à l’approche de notre destination, aidés par quelques podcasts écoutés pour passer le temps, et la musique de Dire Straits dans mes oreilles, qui accompagnera la dernière heure de trajet.

A 12h30, nous arrivons à Banyuls. La gare est dans les « hauteurs » de la ville (à 20m d’altitude 😊), mais plutôt que de rejoindre directement le sentier, nous passons quand même par la plage et le fameux panneau du GR10 pour immortaliser notre départ. Nous nous apprêtons à en gravir plusieurs dizaines de milliers de mètres de dénivelé dans les semaines à venir, nous ne sommes pas 20 mètres près !

Banyuls plage

C’est parti ! (1/2)

C’est parti ! (2/2)

Premiers pas sur la HRP

A 13h nous commençons à marcher. Forcément, vue l’heure, la chaleur est bien présente, et dès que nous nous retrouvons à l’abri du vent elle devient étouffante. Les 300 premiers mètres de dénivelé se font sans problème, et nous pouvons faire le plein d’eau à la source des chasseurs, qui coule avec un débit raisonnable. Mais plus nous avançons et plus la fatigue se fait sentir. Entre la chaleur et notre (absence de) condition physique, nous sommes à la peine. Heureusement les vues magnifiques sur banyuls et la mer se succèdent et nous mettent du baume au cœur.

Banyuls vu d’en haut

Premières collines (1/2)

Premières collines (2/2)

Nous faisons également plusieurs longues pauses pour permettre à nos corps de redescendre en température, dont une à la source François Grand, une centaine de mètre sous le Pic de Sailfort, ce qui nous permet de refaire les niveaux en eau.

Arrivée au Pic Sailfort vers 17h, nous avons marché seulement 10 km, mais quand même gravi près de 1000 m de dénivelé. La fatigue est vraiment présente, nous décidons de nous arrêter là, et de bivouaquer au refuge Tomy non loin de là. Ce refuge est atypique, il s’agit d’une sorte de grotte transformée en cabane fermée par l’ajout de quelques planches et d’une vitre. L’intérieur étant exigu, Sam s’y installera seul, de mon côté je monterai la tente sur l’emplacement de bivouac aménagé juste à côté.

Refuge Tomy

L’intérieur du refuge Tomy

Prêt pour la nuit !

Cela sera notre première nuit sur la HRP, notre chambre a vue sur la mer, que demander de plus ?

Chambre avec vue pour notre première nuit !

Un peu plus tard dans la soirée, nous serons rejoints par Corentin, un randonneur solo qui se lance comme nous dans une traversée Est -> Ouest, plutôt sur le GR10 a priori, mais sans exclure quelques bouts de HRP sur certaines sections.

Après nous être reposés, avoir fait un brin de toilette et mangé, et avant d’aller nous coucher, nous avons la chance de pouvoir profiter d’une fin de journée et d’un coucher de soleil magnifique, au-dessus d’une mer de nuages qui embellit le paysage alentour (la mer, les premiers contreforts des Pyrénées, et quelques tours de garde perchées sur les sommets qui nous font face).

Le soleil, la montagne et la mer (de nuages)

La tour sort des nuages

Plein feu sur la tour

Sam sous la croix

Fin du spectacle, bonne nuit …

Ce sera le plus beau coucher de soleil de notre parcours, mais il faut dire que nous n’en avons pas vu beaucoup. Notre heure de coucher au fil des jours se faisant de plus en plus précoce, il n’a pas été rare que nous dormions déjà à poings fermés à l’heure du coucher de soleil 😊.