Samedi 12 juillet 2025
Après une bonne nuit aux horaires « randonnée » (coucher un peu avant 21h, lever un peu avant 6h), j’avale mon petit déjeuner, range mon sac et me mets en route à 6h50. L’étape du jour commence par 850 mètres de dénivelé consécutifs pour atteindre le col des Thures, qui sera le premier d’une série de cinq. La montée se fait dans des alpages, c’est suffisamment raide pour que ça monte bien, mais pas assez pour que ça soit pénible (à l’exception comme souvent des derniers mètres juste sous le col).
Je mettrai deux heures pour atteindre ce premier col, c’est vraiment agréable de sentir le corps répondre aux sollicitations comme une machine bien rodée.
Arrivé au col, je me rends compte que les nuages ont envahi la vallée d’où je viens, mais que la crête sur laquelle je me trouve est au soleil. D’ailleurs la journée sera plutôt nuageuse, mais de la bonne façon : beaucoup de nuages blancs, ça habille le ciel sur les photos, ça masque le soleil et évite à la peau de brûler…. Mais ça ne génère pas de pluie. Après le col des Thures, changement d’ambiance, on passe d’un alpage herbeux à une crête caillouteuse. Cette crête m’offre une courte escapade de l’autre côté de la frontière italienne, le temps de rejoindre le col de Rasis une petite demi-heure plus tard.
De ce col, une brève descente raide dans un mélange de terre et de petite pierre me ramène sur l’herbe pour une agréable promenade sur un chemin qui suit les lignes de niveau.
Tout à mon bonheur d’avancer vite dans un joli paysage, j’oublie de regarder les traces rouges et blanches. Quand je m’en rends compte, je dois remonter une trentaine de mètres pour récupérer le GR, qui s’était remis à grimper légèrement. On passe ensuite d’une légère grimpette à une plus sévère, heureusement brève, et de nouveau dans un pierrier terreux. Une fois ce passage négocié, j’atteins le col du Malrif (2866m) qui se trouve au pied du pic du même nom.
Quelques minutes le long d’une crête facile suffisent à atteindre ce sommet à 2906m. La vue à 360 degrés est époustouflante, en particulier du côté du lac du grand Laus, le plus grand et le plus haut des lacs Malrif. Je m’offre ma pause déjeuner au sommet et passe un long moment à contempler la vue.
Une fois rassasié dans tous les sens du terme, il ne reste plus qu’à suivre le GR jusqu’au col du petit Malrif (2830m), et d’entamer la descente en direction du refuge des Fonts de Cervières (2040m).
Je l’atteins vers 13h, je suis un peu fatigué mais l’idée d’y passer la nuit ne me séduit pas du tout : le refuge est accessible par la route et nous sommes samedi, le parking est plein et la terrasse noire de monde. Je m’offre une longue pause, à base de soda plein de sucre et de tarte aux myrtilles (délicieuse la tarte !), et vers 14h je décide de me mettre en route vers mon cinquième et dernier col de la journée : le col de Péas. Les 600m à monter se font principalement sur une pente assez douce, à l’exception d’une centaine de mètres plus raides, et malgré les 1200 mètres de dénivelé positifs déjà avalés précédemment, j’atteins le col sans trop puiser dans mes réserves.
J’y retrouve un accès réseau, donne quelques nouvelles à la famille et aux amis, et profite de la vue quelques minutes.
Mon idée initiale était de bivouaquer une centaine de mètres sous le col, au bord du torrent. On m’avait indiqué qu’il y avait de nombreux endroits plats, ce qui est effectivement le cas mais deux choses me font renoncer à ce projet
- Il y a énormément de vent de ce côté-ci du col
- La météo que je viens de consulter à l’instant indique des risques de pluie et d’orage à partir de 9h demain matin
Je décide donc de descendre plus bas en espérant trouver moins de vent, et ainsi raccourcir mon étape du lendemain. Pour le vent c’est raté, plus j’avance et plus il s’intensifie. Je me résigne à descendre jusqu’à Souliers (hameau qui constitue le point bas de ma randonnée de demain à 1850m), mais environ 300 mètres sous le col je tombe sur une grande étendue plate, légèrement en contrebas et bien moins exposée au vent que les alentours. Je décide d’y installer mon bivouac. La protection n’est pas totale, quelques rafales secouent un peu la tente, mais elles ne sont pas très fréquentes, et leur intensité diminue au fur et à mesure que le soir tombe.
Malgré cette journée bien remplie (21 km, 1900 m de D+, 1500 m de D-), je ne me sens pas vraiment plus fatigué qu’hier. Il ne me reste maintenant plus qu’à faire chauffer mon dîner, et ne pas me coucher trop tard. Je vais essayer de partir vers 6h30 demain matin pour limiter au maximum le risque de me retrouver à finir ma rando sous la pluie, ou pire sous les éclairs.