Mercredi 7 août
Au départ de cette belle cabane où nous avons passé une excellente nuit, nous sommes dans les nuages. Nous nous mettons en route vers le port d’Aigues Tortes (ou Anes Cruzes selon les dénominations).
Le chemin remonte tranquillement le vallon le long d’un torrent, et les nuages se déchirent progressivement. L’herbe est trempée et nos chaussures se gorgent rapidement d’eau.
Arrivés au fond du vallon nous entamons la montée vers le col dans la caillasse. Le chemin est bien tracé, et bien que raide s’avère assez roulant. Un peu moins de 2 heures après notre départ nous sommes au sommet. Le vent est fort et charrie des nuages venant de la vallée de l’autre côté du col. Nous enfilons les coupe vents et restons au col le temps d’apercevoir la très belle vue sur les Posets, qui jouent à cache cache avec les nuages.
La descente du col commence sur un sentier raide mais bon qui suit un torrent, nous commençons à nous dire qu’il ne mérite pas sa mauvaise réputation. Mais quand le torrent s’encaisse, la progression devient plus compliquée, on passe d’un bon sentier à des blocs et dalles plus ou moins glissantes. Je m’offre une petite chute avec tentative de record de lancer de bâton de marche . Je devrais retourner chercher le bâton 20 mètres plus bas au bord du torrent … j’aurai pu mieux faire, mais j’étais pas en forme .
Une fois sortis de la partie encaissée, nous progressons sur de l’herbe pas très raide, l’attention reste requise car le terrain est inégal et plein de trous, ce n’est pas le moment de se tordre une cheville !
Vers 10h du matin nous rejoignons le GR11 que nous allons suivre pour le reste de la journée. Et là c’est le bonheur absolu : un vrai sentier, en terre, sans rochers, caillasse, trous et bosses divers, un sentier « qui roule ». Nous sommes tellement contents de retrouver ce type de conditions que nous n’avions pas rencontrées depuis de nombreux jours ! Nous mettons moins d’une heure pour avaler les 4,5 km qui nous séparent du refuge de Viados, où nous ferons notre pause pique-nique.
Du refuge nous prenons le GR11 en direction du col d’Urdiceto (appelé aussi Passo de los Caballos). Nous descendons jusqu’à notre point bas de la journée (1550m, soit 200 mètres sous le refuge) puis nous élevons à nouveau. Sur les 10 kilomètres qui nous séparent du col, plus de la moitié de fera sur une piste forestière, et le reste sur un chemin roulant. Quel plaisir de pouvoir de nouveau marcher librement et à un bon rythme !
La piste forestière serpente dans une forêt de pin jusqu’à la mignonne cabane de Sallena, avant de se transformer en sentier et de nous offrir des vues plus montagnardes sur les Posets derrière nous, et les montagnes entourant notre destination devant nous.
Arrivés au col, nous trouvons une petite cabane très simple (un simple sol en béton). Nous savons qu’un peu plus haut de situe un superbe refuge non gardé, son problème étant qu’il est accessible par une piste. Nous poussons jusque-là à tout hasard, mais tombons sur une vision d’horreur : deux 4×4 garés devant le refuge, une vingtaine de personnes, des enfants qui crient en plongeant dans le lac attenant…. Ni une ni deux nous faisons demi-tour, la petite cabane sera parfaite .
Nous passons la soirée dans la cabane et avons droit à un défilé de scouts avec des sacs à dos énormes , allant probablement bivouaquer aux alentours du refuge non gardé. Un groupe décide même de venir s’asseoir pour une pause quasiment sur mes genoux alors que je lis tranquillement sur le pas de la cabane. Je me retranche à l’intérieur tandis qu’ils prennent leurs aises, et parlent fort en attendant le reste du groupe. Cela dure une demi-heure avant qu’ils se décident enfin à s’en aller …. Je me dis que les Espagnols ont un sens de l’intimité assez particulier . Mais ce n’est finalement peut être pas qu’une question de nationalité, puisqu’à 21 h un Toulousain vient garer son Duster juste devant la cabane (qui est quand même sur le GR, à presque 100 mètres de la piste !) .
Conclusion : Urdiceto est un site magnifique, mais beaucoup trop accessible, à fuir donc. J’avoue que je n’ai toujours pas compris le concept consistant à construire une piste pour rendre accessible aux voitures un magnifique lac de montagne à 2500m d’altitude .