Epilogue

Nuit du lundi 12 au mardi 13 août

Aujourd’hui aurait dû être notre avant-dernier jour de randonnée. Nous avions prévu de rejoindre le refuge de Pombie par le port du Lavedan et Arrémoulit, avant une courte étape finale vers les lacs d’Ayous. Le sort en a malheureusement décidé autrement.

Après nous être couchés vers 20h30, nous sommes réveillés par l’orage vers 23h. Les éclairs ne sont pas trop nombreux, mais des trombes d’eau tombent du ciel pendant près de deux heures. C’est alors que nous réalisons que notre super site de bivouac avait peut-être un petit défaut, sa position « en cuvette » :roll:.

Autour de notre tente, l’eau commence à monter petit à petit, puis de plus en plus rapidement … et vers minuit trente l’eau finit par rentrer dans la tente ! Nous trouvons une petite butte sur laquelle nous installer, et récupérons toutes nos affaires en catastrophe. Sous une pluie battante, nous bourrons tout dans nos sacs à dos, en essayant tant bien que mal de vérifier que nous n’oublions rien sur place. À la fin de l’opération, quand Samuel récupère la tente et les sardines, il a de l’eau jusqu’aux genoux :shock:.

Une fois les sacs fermés, nous repartons vers le refuge de Larribet, sous la pluie à la frontale. Frontale au singulier, celle de Samuel, car je n’avais pas jugé bon d’en prendre une avec moi :roll: (*). La différence avec notre montée quelques heures auparavant est impressionnante : il y a de l’eau partout, les chemins se sont transformés en ruisseaux, voire en torrents.

(*) Je m’entends encore : « de toute façon c’est l’été, on va se coucher avant la nuit. Et s’il faut sortir de la tente la nuit pour se soulager, la lampe du téléphone suffira largement ». Une erreur qui aurait pu être lourde de conséquences si j’avais été seul, tout ça pour économiser quelques grammes de matériel … Mais j’ai retenu la leçon : pour les prochaines randos, la frontale sera dans mon sac quoi qu’il arrive !

Nous arrivons au refuge de Larribet à 2 heures du matin avec la plupart de nos affaires trempées et la semoule (bien que stockée dans un zip en théorie étanche) … prête à consommer :lol:. Nous avons heureusement réussi à maintenir nos duvets à peu près secs. Le refuge ressemble à un foyer de SDF : plusieurs personnes, qui avaient planté la tente au bord du ruisseau jouxtant le refuge (mauvaise idée …), sont déjà en train de dormir sous les tables de la salle à manger. Nous nous installons comme nous pouvons : Samuel par terre, et moi sur un canapé trop court pour être confortable.

Mardi 13 août

Il va sans dire que nous ne fermerons quasiment pas l’œil jusqu’à 6h30, heure à laquelle le refuge s’éveille pour la préparation du petit déjeuner.

Dans ces conditions, notre programme initial (rejoindre le refuge Pombie en passant le port du Lavedan) ne semble pas très raisonnable, d’autant qu’un nouvel orage à 7h du matin vient de détremper la montagne (qui n’en avait peut-être pas vraiment besoin ;)). Attendre plusieurs heures que tout sèche (nos affaires et la montagne) n’est pas envisageable au niveau timing, et de toute façon incertain car de nouveaux orages sont annoncés pour la suite de la journée.

Nous décidons donc de jouer la sécurité, et quittons le refuge direction la vallée. L’effet de l’orage de la veille est impressionnant : le débit du ruisseau de Larribet, que nous suivons pour descendre, a quasiment doublé, et l’eau ruisselle sur le sentier à de nombreux endroits. Quant au gave d’Arrens, qui descend vers la vallée depuis le pla de Doumblas, il est sorti de son lit, et sa couleur est passée du transparent au brun clair :shock:.

Gave d’Arrens après l’orage

Nous arrivons au parking du plan d’Aste vers 10h. Par chance, au milieu de tous les randonneurs arrivant pour une balade à la journée, nous tombons sur une famille espagnole qui a passé la nuit dans son van et s’apprête à repartir. Ils nous proposent de nous déposer à Argelès-Gazost, ce que nous acceptons avec joie. A l’entrée d’Argelès, nous nous retrouvons bloqués dans un embouteillage monstre. Afin d’arriver à temps pour attraper notre bus pour Lourdes, nous faisons 1,5 kilomètres de marche à pied en doublant toutes les voitures (dans les vapeurs de pots d’échappement, rude retour à la civilisation :().

Arrivée sur Argelès Gazost

Une fois à la gare de Lourdes, nous avons une heure d’attente que nous mettons à profit pour un repas sur le pouce.

Pique nique à Lourdes

Nous sautons ensuite dans un train pour Pau, où la belle famille de Samuel nous accueille pour la nuit. Nous arrivons à Pau à 14h, un peu sonnés par la fatigue et désorientés par ce dénouement un peu brutal.

Samuel, qui avait initialement prévu de terminer sans moi jusqu’à Hendaye, décide finalement d’arrêter : sa motivation n’aura pas résisté à la fatigue, aux mauvaises prévisions météo pour les jours à venir … et à l’état des ses chaussures ;).

Clairement, le duct tape ne suffit plus

Mercredi 14 août

Après une nuit réparatrice, nous prenons le train pour Toulouse le lendemain matin. Le départ de Pau se fait sous une pluie battante, et les prévisions météo sont à la pluie sur les montagnes. Nous n’avons aucun regret de n’avoir pas continué, les derniers jours auraient été pourris de toute façon…

Arrivés à Toulouse, nous partageons un ultime repas sur le parvis de la gare de Toulouse, en regardant tomber la pluie : la ville rose est bien grise en cette veille de 15 août :(.

Dernier repas

Matabiau sous la pluie

Après le repas, Samuel rentre chez lui pendant que je prends un train pour Lyon, cette fois-ci c’est vraiment la fin :(.

Nous gardons tous les deux de cette aventure des souvenirs plein la tête. Nous conservons en nous les images des paysages traversés, les visages des nombreuses personnes rencontrées, les moments partagés … et une furieuse envie de retourner en montagne dès que possible !

Merci d’avoir lu tout ça, vous pouvez éteindre votre ordinateur et reprendre une activité normale …