Jeudi 27 juillet
Pour cet avant dernier jour, je me réveille après une nuit un peu fraîche (j’ai du mettre la doudoune sous le duvet au milieu de la nuit pour ne pas avoir froid), mais très reposante. En sortant de la tente, je réalise que la nuit a été plus qu’ « un peu fraîche » puisque les parois sont couvertes de givre. Même après le petit déjeuner, je suis à l’ombre et la température est toujours basse. Je remballe donc la tente en l’état, il sera toujours temps de la faire sécher plus tard dans la journée, qui s’annonce très ensoleillée.
Je commence mon trajet par une descente tranquille le long du torrent au bord duquel j’ai bivouaqué, jusqu’à une grand plaine où sont installés le hameau de la Sassière (2045m) et le refuge du Ruitor.
Après avoir traversé la plaine, le sentier remonte jusqu’au col de Monseti (2510m). Le col est sans intérêt d’un point de vue esthétique, la vue n’étant dégagée ni d’un côté ni de l’autre, mais il permet d’accéder en moins de 10 min au charmant lac Noir, que j’aurai du mal à immortaliser correctement compte tenu des conditions lumineuses peu propices.
Après ces 500m de montée jusqu’au col, c’est reparti pour 500m de descente (je vous ai déjà parlé du calvaire sisyphien du randonneur 😀 ?) jusqu’au refuge de l’Archeboc (2029 m). J’y arrive vers 10h30, et décide d’y faire une longue pause, car l’après midi sera long avec cinq heures de marche.
Je fais sécher ma tente, discute un moment avec la gardienne, puis avale mon pique nique, accompagné d’une part de gâteau au chocolat tout juste sorti du four. Un peu avant 13h, je suis fin prêt pour attaquer la montée de près de 900 mètres vers le col de l’Argentière (2879m), point culminant de mon périple.
Pour cette montée, pas de progressivité, le chemin démarre raide dans les rhododendrons, et le restera jusqu’au bout. Seul l’environnement change progressivement avec l’altitude, la végétation se raréfiant peu à peu pour finir dans une ambiance totalement minérale, égayée uniquement par le balisage de couleur bleue qui guide les randonneurs.
L’avantage d’un sentier raide, c’est que le dénivelé s’avale plus rapidement : il me faudra un peu plus de deux heures seulement pour venir à bout de la montée.
A l’arrivée au col, c’est le choc visuel. Le col est peu marqué, et ne donne pas sur une vallée, mais sur un plateau d’altitude, issu des restes d’un ancien glacier. Vaste champ de rocs émaillé de deux lacs de couleurs différentes (l’un bleu profond, l’autre gris / vert), dominé par les glaciers et les sommets, il s’en dégage une impression de majesté et de désolation, qui me laisse bouche bée pendant de longues minutes.
Je poursuis ensuite ma route en suivant scrupuleusement les indications du topo, car une fois de plus il n’y a plus de sentier. Le début est plutôt facile, il s’agit de longer le lac glaciaire gris / vert par la droite ….
… puis de plonger à droite en direction d’un torrent que l’on suit un moment. Les explications sont claires et la configuration du terrain rend la progression évidente, je me prends un moment pour le roi de la progression hors sentier. Mais quand les repères viennent à manquer et que je n’arrive plus à comprendre les explications du topo, je fais moins le malin et je me retrouve un peu perdu. Je suis bien content de pouvoir me raccrocher à la trace GPS enregistrée dans mon téléphone, et je me dis que les personnes qui se sont aventurées sur l’itinéraire sans cette aide précieuse avaient bien du mérite ….
Une fois sorti de cet environnement minéral, le paysage change et on retrouve un sentier qui serpente tranquillement en dominant de nouveau une vallée humide (une de plus), au bout de laquelle on aperçoit la retenue d’eau du hameau du Clou (2220m), où j’ai prévu de dormir le soir.
Pour rejoindre cette vallée, il va cependant falloir encore faire un peu de hors sentier, et descendre tout droit une pente herbeuse bien raide. En cette journée ensoleillée tout est parfaitement sec, et la descente se fait sans aucun problème, mais je n’aurais vraiment pas aimé la faire par temps de pluie.
Arrivé à la retenue d’eau, je déchante un peu : l’endroit n’est vraiment pas sauvage, une pelleteuse est en train de rénover la piste que j’emprunte, et les replats herbeux où j’aurais pu envisager de planter ma tente sont crépis de bouses de vache. En désespoir de cause, je me décide à prolonger ma journée d’une petite heure pour pousser jusqu’au refuge du Monal, mais la chance me sourit : à peine 200 m plus loin, juste avant que la piste ne se remette à descendre, je trouve des emplacements libres de bouses, et avec une vue splendide sur le Mont Pourri. Je plante ma tente, prends mon dernier repas du soir, et profite d’un magnifique coucher de soleil avant d’aller me coucher.