Dimanche 4 août
Il est 7h30 quand nous quittons notre petit bivouac forestier au bord de l’eau. Au menu de la matinée, 1400 mètres de dénivelé positif d’affilée pour atteindre le col de Molières à 2937m, puis le Tuc de Molières à 3907m. Le chemin commence en sous-bois, nous croisons une belle cascade au-delà de laquelle nous débouchons sur un vallon bien vert avec des arbres. Puis les arbres disparaissent et nous montons sur l’herbe, et enfin l’environnement devient de plus en plus minéral.
Sur un replat nous passons aux abords du refuge de Molières, refuge moderne métallique perché sur son rocher, très similaire au refuge Enric Pujol où nous avions dormi il y a quelques jours. Nous l’admirons de loin et économisons les quelques dizaines de mètres de dénivelé qui nous auraient permis de le visiter.
Le chemin passe ensuite à proximité des quatre lacs de Molières, petits lacs glaciaires dont la plupart sont surplombés d’un reste de névé.
Une fois les lacs passés, nous faisons une pause déjeuner (à 10h30 ) pour nous redonner des forces. L’environnement devient ensuite totalement minéral, nous progressons sur des chaos de bloc jusqu’au col.
Sur Les 30 derniers mètres de dénivelé le sentier se raidit très sérieusement, quant aux 10 derniers ils sont quasiment verticaux, il faut escalader. C’est facile, il y a des prises partout, mais je préfère de loin passer ce genre de difficulté à la montée qu’à la descente.
Arrivés au col, la vue est époustouflante : les glaciers et les sommets du massif de la Maladeta nous font face, en en particulier sa majesté l’Aneto, point culminant des Pyrennées à 3404m.
Mais la vue vers l’Est d’où nous venons n’est pas mal non plus .
Le col étant très étroit (à plus de deux il devient difficile de se croiser), et aussi parce qu’il serait dommage de redescendre sans passer la barre des 3000m, nous gravissons les 70 mètres de dénivelé restant jusqu’au Tuc de Molières. La vue est tout aussi époustouflante mais il y a beaucoup plus de place pour en profiter. Il y a aussi pas mal de monde, mais compte tenu de l’espace disponible, c’est beaucoup moins gênant qu’au Pic du Canigou par exemple.
Une fois rassasiés de cette vue, nous prenons le chemin de la vallée, et le paysage évolue à l’inverse du matin : blocs, puis grandes dalles rocheuses, puis l’eau refait son apparition (ça tombe bien, on commençait à avoir soif !), puis un peu d’herbe, quelques jolis lacs …
… puis enfin de la montagne à vache au sens propre : vers 2200 m nous tombons sur un troupeau de plusieurs centaines de têtes ! Elles sont installés sur ce replat, mais en redescendant vers le plan d’Aigalluts, magnifique plateau herbeux traversé de torrents avec la vue sur le montagnes, nous constatons qu’elle avaient dû être là avant : le plateau est couvert de bouses et l’herbe est rase et brûlée par le soleil… plutôt déprimant, au vu de l’environnement on imaginerait plutôt de l’herbe haute et des fleurs partout.
Malgré la bouse le plan des Aigalluts ferait un chouette spot de bivouac, mais il est un peu loin de la vallée et nous avons une grosse étape demain. En plus, il y a beaucoup de monde sur place, et déjà plusieurs groupes dont le matériel laisse supposer un projet de bivouac.
Nous décidons donc de pousser une petite heure de marche supplémentaire jusqu’à la Cabane de la Besurta un peu plus bas. Nous prenons une boisson fraîche à la première cabane de la Besurta (qui n’est pas l’abri sus nommé mais un petit bar d’altitude sur un parking, situé un peu plus haut, et qui porte le même nom … pourquoi faire simple quand on peut embrouiller les randonneurs ?). Mais nous ne nous attardons pas : la foule, le bus qui laisse tourner son moteur sur le parking …. Après une journée magique dans les hauteurs le retour à la civilisation (même si c’est une civilisation « light ») est un peu rude.
À notre arrivée à la cabane (la bonne cette fois-ci ), elle est libre. Un peu sale mais rien qu’un coup de ballet ne puisse régler, et comble du luxe une rivière coule à proximité. Une fois de plus nous pouvons nous rafraîchir et laver nos vêtements… finalement sur l’ensemble du séjour ça sera plutôt les jours où nous n’avons pas pu le faire qui feront office d’exception .
Après cette journée bien chargée (presque 10 heures au total, il faut dire que nous avons fait de nombreuses pauses), nous nous endormons en repensant à la vue depuis le Tuc de Molières, et en rêvant à celle qui nous attends au col inférieur de Literole, que nous passerons demain.