Dimanche 11 août
Nous avons bien fait de déserter la cabane hier soir, nous avons passé une nuit excellente sous la tente. Nous commençons par descendre jusqu’au barrage d’Ossoue où nous avions un moment envisagé de bivouaquer hier soir. Beaucoup de tentes, la cabane est occupée, et surtout beaucoup de vaches, du coup nous ne regrettons absolument pas notre décision d’avoir finalement fait étape un peu plus tôt !
Depuis le barrage, nous commençons par remonter le torrent à plat jusqu’au fond de la vallée. Nous rencontrons un immense troupeau de brebis et rattrapons une randonneuse qui s’est arrêtée au bord du chemin et scrute. Arrivés à son niveau, elle nous explique qu’elle a une peur bleue des patous. Nous traversons ensemble le troupeau et constatons qu’aucun patou ne se trouve dans les parages. En discutant un peu, nous apprenons que cette randonneuse fait une balade à la journée pour gravir le petit Vigemale (3032m). Nous lui souhaitons bonne route car elle marche plus vite que nous.
Une fois atteint le fond de la vallée, le chemin s’élève en suivant le torrent des Oulettes.
La vallée étant très encaissée, nous ferons la plus grande partie de la montée à l’ombre, ce qui est bien appréciable.
Une fois au soleil, nous découvrons sur notre gauche une vue sur le glacier du Vignemale (ou du moins ce qu’il en reste), et nous arrêtons devant les grottes Bellevue (aménagées au début du 20e siècle par un certain Russel qui avait loué le Vignemale et y avait fait creuser ces grottes)
Nous laissons sur la gauche le chemin d’accès au sommet par la voie normale et poursuivons notre ascension jusqu’au refuge de Baysselance 100m plus haut.
Le refuge est à taille humaine et charmant, et il offre une vue magnifique sur la vallée d’Ossoue, le petit Vignemale et la Pique Longue (point culminant du Vignemale à 3298m, et point culminant des Pyrénées françaises). Au refuge de Baysselance nous retrouvons notre randonneuse qui s’est offert une pause gâteau en terrasse. Nous l’imitons et ne le regretterons pas : le gâteau au chocolat qu’on nous sert est délicieux ! Nous repartons du refuge vers 10h30 et continuons à suivre le GR10 jusqu’à la Hourquette d’Ossoue (2734m), point de départ de l’ascension du petit Vignemale, qui offre une vue saisissante sur la face nord du massif.
Nous avions déjà croisé beaucoup de randonneurs lors de la montée vers Baysselance, mais le nombre de personnes ne va aller qu’en augmentant alors que nous continuons à suivre le GR10 en direction du refuge des Oulettes de Gaube, 600 mètres plus bas. Je n’ai pas compté le nombre de « bonjour » adressés aux personnes que nous avons croisées, mais je pense que le terme d’autoroute à randonneurs n’est pas exagéré pour designer cet itinéraire.
Le refuge des Oulettes de Gaube, que nous atteignons vers 11h30, est deux à trois fois plus grand que celui de Baysselance, et surtout il est entouré d’un grand nombre de randonneurs. Il faut dire qu’il est assez facilement accessible depuis le parking du pont d’Espagne et que le cadre est somptueux : les 1000 mètres de falaise de la face nord du Vignemale sont vraiment impressionnants, et plusieurs torrents parcourent la vallée où est situé le refuge.
Après notre pause pique-nique, nous commandons une part de gâteau (dans un but purement scientifique bien entendu ). Verdict : celui de Baysselance était bien meilleur. Nous croisons sur la terrasse un HRPiste Ouest / Est avec qui nous échangeons quelques informations.
Il nous reste encore 4 heures de marche avant notre destination, le refuge de Wallon Marcadau. Nous commençons par une montée bien raide dans la caillasse (ça nous avait manqué ) jusqu’au col des Mulets 450 mètres plus haut. La montée en plein soleil nous inquiétait mais finalement le même miracle que le jour précédents s’est produit : quelques nuages et un petit vent nous ont bien soulagés. Au col des Mulets nous passons en Espagne, juste le temps de prendre un chemin en balcon jusqu’au col d’Aratille, que nous atteignons trois quarts d’heure plus tard, et qui nous permet de repasser en France.
Il ne nous reste maintenant plus qu’à descendre les 700 mètres qui nous séparent de notre destination. Le chemin n’est pas très roulant et cela sera malheureusement le cas jusqu’au refuge. Au milieu de la descente nous atteignons le joli lac d’Aratille où nous faisons une pause pour nous délasser et nous tremper les pieds dans l’eau.
Nous repartons pour la dernière heure de marche, mais le corps proteste, difficile de repartir après cette dernière pause, après 7 heures de marche le corps n’avait pas compris que ce n’étais pas la fin .
Nous atteignons finalement le refuge un peu après 16h. Wallon est le plus grand refuge des Pyrénées, il peut accueillir jusqu’à 120 personnes, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’architecte a vu grand : par rapport au refuge du Portillon qui accueille 80 personnes, il est facilement 2 à 3 fois plus grand ! Et l’intérieur, laissant la part belle au bois et à d’immenses surfaces vitrées, est vraiment splendide.
Nous avions appelé le refuge la veille depuis Gavarnie, et ils nous avaient annoncé être complets. Mais en arrivant nous avons la bonne surprise d’apprendre que suite à des annulations nous pourrons y loger ce soir. Cerise sur le gâteau, nous serons dans un dortoir de 4 personnes, et quel espace : dans un refuge « classique » un pièce de cette taille accueillerait au moins 8 ou 10 personnes ! Après avoir pris nos douches et fait notre lessive, nous interrogeons le gérant sur les options qui s’offrent à nous pour rejoindre Arremoulit et Pombie : l’itinéraire le plus direct à l’Ouest par le col de la Fache, ou bien un détour par le Nord via le refuge de Larribet et le port du Lavedan ? Verdict sans appel : la seconde option bien que plus longue, est magnifique !
Nous nous fions donc à ses conseils et prévoyons de partir demain tôt pour Larribet en espérant éviter la dégradation de fin de journée, et rallier Pombie depuis Larribet le lendemain. Restera ensuite pour moi une ultime micro étape Pombie / Lacs d’Ayous le surlendemain avant de dire adieu à la HRP .