Lundi 12 août
Nous passons une bonne nuit au refuge Wallon, même si l’ambiance du soir ressemble plus à celle d’un club de vacances que d’un refuge : musique, cris, rires, et portes qui claquent (merci les grooms des portes des dortoirs réglés trop dur ). Mais cela ne nous pose pas vraiment de problèmes, les boules Quies, le masque et surtout la fatigue nous assurent comme chaque soir un endormissement rapide .
Après un bon petit déjeuner, nous nous mettons en route vers 7h15.
Nous débutons par une petite montée à la fraîche vers le col de Cambales à 2706m, 850 mètres au-dessus du refuge.
Le début de la montée est champêtre et très agréable, puis le décor se fait plus minéral. Nous faisons une pause au lac de Cambales où les sommets alentour se reflètent.
La montée reste agréable et progressive quasiment jusqu’au bout, seuls les 100 derniers mètres de dénivelé sont un peu plus raides et compliqués (caillasse un peu croulante). Arrivés au col, nous pouvons admirer juste en dessous un groupe de bouquetins qui évolue à quelques mètres du sentier de descente.
Ce dernier est assez raide, et s’il débute par des lacets assez bien dessinés, il se transforme vite en descente désagréable dans les blocs et la caillasse, mettant les articulations mais aussi les chaussures à rude épreuve : la semelle d’une des chaussures de Samuel commence à se décoller. Après un rafistolage de fortune au duct tape (qui tiendra finalement presque le reste de la journée, c‘est solide ce machin là … ), nous terminons la descente pour atteindre le port de la Peyre St Martin qui marque la frontière franco espagnole.
Nous bifurquons à droite pour entamer une loooongue descente vers la vallée sur un sentier à flanc, dans un paysage pas très intéressant. À l’exception des jolis lacs de Rémoulis qui égaient un peu le parcours, l’ennui domine.
La faim et la fatigue aidant, nous profiterons de l’ombre d’une falaise bordant le chemin pour faire notre pause déjeuner quelques mètres sous le sentier. Après le déjeuner, le sentier se décide enfin à descendre plus franchement et nous rejoignons le fond de vallée et son habituel troupeau de vaches (et champ de bouses associé ). La foule présente nous indique que nous sommes probablement proche d’un parking ou d’une route. Nous continuons à descendre un peu jusqu’à le point bas de notre randonnée, le pla de Doumblas a 1565m, où la foule a encore grossi.
Il nous reste encore un peu moins de 2 heures de marche et 500 mètres de montée pour atteindre le refuge de Larribet, à proximité duquel nous envisageons de planter la tente. Le chemin remonte une charmante vallée avec un joli torrent qui serpente, quelques arbres et une vue sur les sommets alentours. Mais la quantité de personnes autour et sur le chemin réactive ma misanthropie, ça me gâche un peu le plaisir.
Une fois la vallée remontée, il faut gravir un dernier ressaut pour atteindre le refuge.
Le refuge, surprise, est bondé… Au vu du monde croisé sur le sentier on aurait dû s’en douter ! Ça ne nous donne pas envie de rester. Après nous être restaurés d’une bonne part de gâteau à la myrtille, nous interrogeons le gérant sur les potentiels emplacements de bivouac au bord du lac de Batcrabère supérieur, à environ 45 minutes de marche du refuge. Il nous confirme que ces emplacements (indiqués sur notre application de cartographie) existent bien, et que le site est très joli.
Malgré les nuages qui se sont accumulés et quelques gouttes de pluies tombées sur le refuge, le temps ne semble pas se décider à virer complètement à l’orage, et nous décidons donc d’aller bivouaquer au bord du lac. Non seulement nous pourrons assouvir notre soif de solitude, mais ces 45 minutes et 150 mètres de dénivelé seront toujours ça de moins à faire demain matin, le lac étant sur notre parcours vers le port du Lavedan. Nous attaquons donc la dernière marche de la journée, et plus nous nous éloignions du refuge, plus l’environnement devient minéral. Arrivés au lac de Batcrabère inférieur, nous nous demandons comment nous allons pouvoir trouver un endroit plat et herbeux dans ce chaos de pierres et de blocs. Mais en suivant les cairns à l’approche du lac supérieur, nous découvrons plusieurs emplacements bien délimités, et surtout parfaitement plats et herbeux, perdus au milieu des blocs ! Nous n’aurons pas la vue sur le lac (un tas de blocs nous la masquant depuis notre emplacement) mais peu importe, nous sommes aux anges !
Il est 16h. Avant de monter la tente (qui en théorie ne doit pas être installée avant 19h) nous décidons d’aller faire lessive et toilette au lac. Nous avons à peine terminé que le ciel commence à noircir de façon inquiétante. Nous nous dépêchons de ranger nos affaires et de rejoindre notre emplacement. Nous montons notre tente le plus vite possible, y rentrons toutes nos affaires (sac à dos compris) et y trouvons refuge juste à temps pour éviter les premières gouttes. Un peu de vent, et quelques grondements de tonnerre pour la forme : l’averse durera une demi-heure pendant laquelle nous en profiterons pour commencer à rédiger notre compte rendu.
À 17h30 la pluie est terminée, le ciel noir est derrière nous, et ce qui est devant est plutôt engageant (nuages blancs et ciel bleu). Nous étendons nos vêtements sur des rochers … et la pluie reprend . Rangement express des vêtements et retour sous la tente … bon, au vu du soleil qui chauffe la toile et de l’état du ciel ça ne devrait pas durer longtemps.
Effectivement la pluie s’arrête vite, et nous pouvons nous préparer tranquillement à manger … dans un concert de cloches car nous sommes rejoints par un troupeau de brebis, qui heureusement ne font que passer et s’éloignent rapidement de notre emplacement.