Lundi 22 juillet
Au petit matin, après un strapping en règle, nous somme fin prêts !
Nous partons du gîte à pied et rejoignons Pyrénées 2000, où nous quittons le goudron pour prendre un sentier qui monte le long des remontées mécaniques. Une lecture de carte un peu hasardeuse nous fait commencer par 160m de dénivelé positif puis négatif « pour rien » afin de rejoindre le GR10 que nous devrons suivre sur l’ensemble de l’étape. Le chemin est ensuite très agréable, en sous-bois et en très légère montée, les kilomètres défilent jusqu’à la sortie de la forêt et le premier lac, l’Estany de la Pradella, auprès duquel nous faisons une petite pause photo.
Le chemin monte ensuite à découvert jusqu’au refuge des Bouillouses, et offre une belle vue sur le lac du même nom et les Pérics.
Au refuge, il y a foule, c’est la montagne en mode Disneyland. Nous refaisons rapidement les réserves d’eau et ne nous attardons pas. Comme prévu, nous laissons sur la gauche le chemin qui mène au Carlit, et continuons tout droit sur le GR10, pour préserver mon tendon. Le chemin suit la rive ouest du lac des Bouillouses en sous-bois. Arrivés à l’extrémité nord du lac nous nous trouvons un endroit ombragé pour déjeuner.
Même sans glace à disposition, je m’arrange pour suivre les recommandations du médecin 😊. Je suis content, pour l’instant mon tendon tient bien le coup.
En repartant nous laissons sur la droite le chemin qui mène au refuge des Camporells où nous avions dormi lors de notre tour des Pérics en 2021, et prenons à gauche pour remonter un le vallon qui nous conduira jusqu’à la Portelle de la Grave. Le chemin est long et un peu monotone, et le tendon commence à se rappeler à mon bon souvenir. Mais l’arrivée au col est la récompense : la vue sur l’étang Lanoux en contrebas est superbe, tout comme sur le petit étang et les troupeaux de chevaux derrière nous.
Nous redescendons vers la cabane du Rouzet où nous avions envisagé de dormir si nous étions trop fatigués pour poursuivre. Arrivés à la cabane, beaucoup de monde : un groupe d’enfants et leurs grands-pères, ainsi que deux femmes avec des ânes. L’une d’elle est allongée dans la cabane, sonnée après une chute causée par une altercation entre les ânes et l’étalon du troupeau. A priori rien de grave, nous proposons d’appeler les secours avec notre balise mais elles déclinent.
Cela fait tout de même beaucoup de monde sur place, d’autant plus que l’un des grands pères est particulièrement insupportable. Malgré la douleur au tendon bien présente, je décide donc de poursuivre jusqu’à la Coume d’Aniel, 200 mètres plus haut, et de bivouaquer entre le col et le refuge des Bésines. La montée vers le col sera une épopée en soi : nous nous retrouvons à mi-chemin face à un troupeau de moutons qui s’est étalé sur l’ensemble de la combe qui mène au col, il y en a de chaque côté du chemin. Et bien sûr qui dit moutons dit patous, cinq en tout. Nous faisons notre possible pour passer le plus loin possible des brebis, sans pouvoir les éviter complètement. À plusieurs reprises les patous s’approchent en aboyant, nous restons calmes et immobiles mais n’en menons pas large.
Arrivés un peu en dessous du col, nous constatons que ce dernier est gardé par trois patous assis par terre, tels des balrogs sur le pont de la Moria 😊. Au moment où la majorité du troupeau disparait de l’autre côté du col , suivi par les patous, nous saisissons l’occasion : sans trop savoir ce qui nous attend de l’autre côté, nous nous pressons vers le sommet, de toute façon nous n’avons guère le choix. Malheureusement, au moment où nous arrivons juste en dessous sous le col, le troupeau repasse de notre côté, suivi par trois patous. Nous nous mettons sur le côté pour laisser passer tout ce beau monde, mais les moutons s’immobilisent à notre vue. Les trois patous s’approchent et recommencent à nous aboyer dessus. Comme si cela ne suffisait pas, nous en apercevons deux autres qui se dirigent également vers nous, alertés par les aboiements. Nous restons bien entendu immobiles, en nous demandant combien de temps ces fichus moutons vont mettre à redescendre car il se fait tard. Nous serons finalement « sauvés » par le berger qui n’était pas loin du col et avec qui nous échangeons quelques mots. Il nous permet de passer sans attendre que les moutons se décident à libérer le passage et d’atteindre enfin le col. Nous sommes soulagés, même si nous aurions préféré qu’il intervienne un peu plus tôt 😊.
La descente qui suit est éprouvante : la fatigue est désormais bien présente, et le fait d’avoir crapahuté hors sentier pour éviter les moutons n’y est certainement pas étranger. Les premières dizaines de mètre demandent un peu d’attention (quelques dalles et gros blocs) puis on se retrouve dans de l’herbe parsemée de quelques trous. C’est dans un de ces trous que Samuel se tord la cheville. Il entend un craquement de mauvais augure, qui confirme qu’il est vraiment temps de finir cette journée. Nous trouvons on emplacement de bivouac bien plat à proximité de la cabane de la Coume Amiel. La cabane est fermée mais dispose d’une captation qui nous permet de ne pas être limités en eau.
Nous avalons notre repas du soir et montons la tente, l’ambiance est morose, moi avec mon tendon très douloureux et Samuel avec une potentielle entorse, le spectre d’un arrêt définitif de la randonnée plane… Nous nous mettons au lit peu après 20 heures, sans même faire de toilette (cela sera la première et unique fois du parcours), et passons ce qui de façon surprenante sera notre meilleure nuit depuis le départ (10 heures de sommeil quasi non-stop !)