Vendredi 2 août
Comme prévu, nous nous levons un peu après 5h pour un départ aux alentours de 6h, des risques d’orages étant annoncés à partir de midi, mais surtout avec forte probabilité à partir de 15h. Lorsque nous nous mettons en route, le jour n’est pas encore levé, un mince croissant de lune ocre nous salue. Nous quittons notre cabane et repartons en direction du port de la Bonaigua, pour prendre le chemin qui descend dans la forêt depuis l’arrivée du télésiège. Nous surplombons une mer de nuages du plus bel effet.
Le chemin descend tranquillement dans la forêt. Nous arrivons rapidement au niveau des nuages, mais ils sont peu nombreux à cet endroit, et nous ressentirons à peine la baisse de visibilité et l’humidité. Arrivé au fond de la vallée, le chemin rejoint une large piste et un panneau d’information marquant l’entrée dans le parc national d’Aigues Tortes. Nous suivons cette piste et avons la surprise de découvrir un parking avec cinq voitures garées, alors qu’il n’est même pas 7h.
Au cours de cette journée nous allons expérimenter les règles du parc national à l’espagnole : interdiction de bivouac, par contre pas de soucis pour les pistes carrossables avec voitures, les vaches en pâture, les chiens non tenus en laisse … c’est surprenant pour ne pas dire agaçant.
Une fois passé le parking, la piste se transforme en un large chemin que nous suivrons jusqu’à un embranchement. Ici nous voulons éviter la boucle qui mène au refuge Saboredo et prendre le chemin noté HRP sur notre application de cartographie… chemin qui s’avèrera finalement inexistant, et nous occasionnera 200 mètres de dénivelé en mode sanglier dans les blocs et les rhododendrons, et une bonne dose de fatigue. Après avoir retrouvé un « vrai » chemin nous nous dirigeons vers le col Pigader, premier col de notre journée. Pendant la montée nous assistons au passage d’un hélicoptère qui va probablement ravitailler le refuge de Saboredo.
Après une courte pause au col, nous redescendons dans le vallon situé à l’ouest. Depuis le début de la journée la marche est sans difficulté (enfin quand on reste sur les chemins ) mais les paysages sont moins d’être exceptionnels. Sur cette matinée, Seul le lac de Cloto de Baish sort du lot, il est très mignon avec sa petite île.
Peu après ce lac nous atteignons l’Estany major de Colomers, immense lac artificiel bordé d’un barrage bien moche sur lequel le sentier passe pour rejoindre la rive opposée.
Nous apercevons de loin le refuge de Colomers et continuons le chemin sans faire le détour.
Il est seulement 10h30 mais nous marchons depuis plus de 4h et la fatigue commence à se faire sentir, nous faisons donc une pause pique-nique à l’ombre au bord de la rivière, le temps de regagner quelques forces pour attaquer les 400 mètres qui nous séparent du port de Caldes, second col de la journée.
Autant jusqu’ici les paysages avaient été relativement quelconques, autant la descente du port de Caldes offre un environnement minéral parsemé de lacs bleus profond… c’est magnifique !
Un dernier raidillon sera nécessaire pour atteindre l’ultime col de la journée (col sans nom) avant d’entamer les 500 mètres de descente vers le refuge de la Restanca.
La descente prendra plus d’une heure (avec une erreur d’orientation sur la fin qui nous obligera à remonter une trentaine de mètres de dénivelé), elle sera peu agréable (pas mal de blocs) mais elle offrira encore de beau lacs et de belles lumières grâce aux nuages qui ont commencé à s’amonceler.
Nous arriverons au refuge vers 14h en étant restés au sec. Vers 15h le refuge se retrouve brièvement au milieu des nuages, et à partir de 16h il se met à pleuvoir des trombes …. Nous sommes bien contents d’être à l’intérieur !
Nous profitons de l’après-midi pour planifier l’itinéraire pour la semaine à venir et nos besoins en ravitaillement pour le lendemain, prendre une douche et faire un peu de lessive (que vues les conditions météo nous prévoyons de faire sécher sur nos sacs demain ). Au dîner, nous nous retrouvons à une table composée exclusivement de HRPistes (dont Séverin et Elise, un couple venu de Suisse avec qui nous sympathisons). La discussion est très agréable, nous échangeons longuement sur nos expériences de randonnée au long cours. Nous récupérons aussi quelques informations précieuses de la part de ceux qui font le sentier dans le sens inverse du nôtre, et en particulier un conseil de spot de bivouac pour le lendemain soir.